Comment lire le livre de Tristane Banon ? Pourquoi le lire ? Qu’apporte-t-il ? Rien, finalement, il n’apporte rien. Sauf probablement, il faut l’espérer, à son auteure. Et dans ce cas elle a eu bien fait de l’écrire.
Ce livre n’est ni un témoignage, ni un plaidoyer, ni une charge, ni même une explication. Ce n’est pas un livre sur l’affaire DSK. Ce n’est pas un livre féministe.
Elle n’a pas cherché à être Proust ni Amélie Nothomb. Elle a juste cherché, elle-même, à décrire ce qu’elle a vécu ces derniers mois. Elle a décrit ce qu’était qu’être paumée, traquée, pourchassée. Elle a décrit une tentative, plusieurs, de multiples tentatives de viol médiatique. On voulait qu’elle parle, à la télévision, à la radio, dans la presse, sur Facebook. Pire, on ne voulait pas qu’elle parle, on voulait juste la faire parler. Eh bien, elle a écrit ! Elle a choisi quand, elle a choisi comment, elle a choisi le sujet.
Tristane Banon a pris la parole, elle-même. Ce livre est juste une parole, parfois un cri, sourd, fragile, plaintif. Des mots et cris, des maux écrits. « Elle me crie de nouveau “Ecris !” », à la fin. Et l’on y pense, quelques pages avant d’y arriver. C’est toujours agréable un auteur qui réussit à écrire ce qu’on pressent quelques pages, quelques lignes avant. Rien que pour cela, rien que pour cette dernière page, ce livre ne peut pas faire l’objet d’un « autodafé » 😉
